Depuis que j’ai cessé de consommer de l’alcool, je partage des tranches de vie en lien avec ma sobriété sur les réseaux sociaux et depuis le tout début j’ai choisi de jouer la carte de l’honnêteté. Je suis consciente que la majorité de mes publications sont axées sur le positif et la raison est fort simple, j’essaie d’être positive et ce dans toutes les sphères de ma vie.
Cependant, aujourd’hui mon message sera un peu différent, je devrais être fière d’avoir franchi le cap des 3000 jours sans alcool, mais j’avais la tête ailleurs et ce texte-ci reflète les défis que je vis actuellement, je dois vous dire qu’il n’aura pas mon positivisme habituel.
En toute honnêteté, j’ai même réfléchi longuement avant de partager ce qui suit, parce que comme la majorité d’entre vous, ce n’est pas facile pour moi de me montrer vulnérable, mais c’est aussi justement pour cette raison que je trouve qu’il est important de prendre le temps de partager. Surtout pour démontrer que le rétablissement n’est pas toujours rose bonbon, qu’il y a des périodes plus ‘dark’ où on se questionne à savoir si notre cheminement en vaut vraiment la peine.
Les derniers temps ont été difficiles pour moi et ma sobriété, à plusieurs reprises je me suis surprise à me dire qu’après 8 ans je suis une différente personne, que ma réalité a changé, que j’ai vieilli, que je suis maintenant plus responsable et que je serais sûrement capable de boire de l’alcool de façon responsable…
Donc, pourquoi n’aurais-je pas l’opportunité, moi aussi, de boire un verre pour mieux ‘relaxer’ ou pouvoir m’amuser?
Au fil du temps, cette petite voix-là est devenue de plus en plus forte, et en toute honnêteté, elle est presque arrivée à me convaincre. Oh! Comme il serait facile de mettre une bouteille de vin dans mon panier d’épicerie… Ou de commander une bière avec mon repas au restaurant…
Mais, je me connais bien et je connais les filets de la dépendance. Je sais que cette petite voix, qui essaie fort de me convaincre que je suis guéri, tente seulement de me faire reprendre mon ancien trajet de résolution de problèmes.
J’ai tellement utilisé l’alcool pour arrêter mon cerveau d’aller à 100 miles à l’heure et pour ‘fermer la swich’, que quand c’est plus chaotique dans ma vie et que je cherche des solutions, mon système voit ça comme une solution viable.
Mais est-ce vraiment une solution viable?
Dernièrement, j’ai eu besoin de sortir le cahier dans lequel j’écrivais en début de sobriété, j’ai dû m’asseoir sérieusement avec moi-même et me demander à quoi ressemblait ma vie d’avant et ce qui arriverait si je recommençais à boire. J’ai aussi consulté mes ressources et je me suis rappelé les raisons pour lesquelles j’ai choisi de retirer l’alcool de ma vie. Bref, j’ai utilisé un plan, un outil qu’habituellement j’utilise avec mes clients lorsqu’ils ont le désir de cesser de consommer, cette fois-ci, c’est moi qui en a eu besoin…
Maintenant, après ce travail et cette introspection, je comprends mieux ce qui se passe en moi et pourquoi je tentais de me convaincre que l’alcool était une bonne option. Je passais un bout ‘rough’ et j’avais l’impression que ma vie se résumais seulement à travailler, dormir, étudier, prendre soin des autres et faire des tâches autour de la maison. Mes cases ‘fun’ étaient quasi inexistantes. J’ai donc réalisé qu’il y a de sérieux ajustements que je dois faire dans mon quotidien pour protéger ma santé mentale, ma sobriété et ma vie.
Aujourd’hui, heureusement je suis encore sobre, je choisis de rester fidèle à la promesse que je me suis faite il y a huit ans, celle de protéger ma santé physique & mentale et surtout ma sobriété. Oui, je suis consciente qu’il y aura sans doute encore des moments où cette petite voix tentera de me faire croire que tout a changé, mais la vérité est que ce chemin que j’ai choisi d’emprunter m’a donné la vie que j’ai aujourd’hui. Une vie que je réalise que je ne suis pas prête à risquer.
Si je partage cette petite partie de ma vie un peu moins positive avec toi aujourd’hui, c’est pour dire que rien n’est jamais gagné lorsque qu’on cesse de consommer. Oui, ça devient beaucoup plus facile avec le temps, mais nous ne sommes pas à l’abri d’une rechute si nous laissons notre petite voix nous convaincre que l’alcool est un bon outil pour régler (ou momentanément oublier) nos défis.
J’ai aussi décidé de partager parce que j’ai la certitude que je ne suis pas seule à parfois vivre des moments de doutes. Chacun de nous, peu importe où nous en sommes dans notre parcours, traverse des tempêtes. Et c’est dans ces moments-là, où la tentation refait surface, que l’on doit se rappeler pourquoi nous avons choisi de changer. Nous devons croire que nous valons beaucoup plus que cette solution temporaire, qui en réalité de toute façon n’en est pas vraiment une.
Alors, à tous ceux et celles qui se battent, qui doutent et qui entendent cette petite voix… Sachez que vous êtes plus forts que vous ne le pensez. Rappelez-vous que chaque journée sans consommer est une victoire, et que même dans les moments de doute, il est fort possible de rester ancré dans ce qui compte vraiment : notre bien-être, notre santé, et bien sûr notre liberté.
Bonne Sobri & Thé ☕️
Suzy
♥️
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